Je réalise à 9 ans ma première photographie à la main avec une boite à chaussure (sténopé), du blanc d’oeuf et du bichromate de potassium  .  Cette expérience chamboulante restera gravée en moi . Concevoir un objet soi-même est libératoire et exaltant.
Après une formation l’ETPA de Toulouse et 15 années dans les coulisses du monde photographique, je retrouve ce plaisir de la photographie faite à la main, et m’initie à la technique du collodion humide.

La photographie n'a que 25 ans lorsque Frederick Scott Archer met au point le procédé du collodion humide .

C'est une révolution pour l'époque, plus rapide, moins toxique, plus abordable et de grande qualité .

Cela participera à la démocratisation de la photographie, et sera le pricipal procédé utilisé entre 1850-1880 .

Il faut verser l’émulsion, photographier, développer et fixer la plaque dans un délai de 15 minutes avant que le tout ne sèche . Comme son nom l’indique, la chimie doit être humide pour fonctionner . En anglais on dira "Wet plate" .

Pour nommer le résultat, on parlera de Tintype/Ferrotype si c'est fait sur du métal, et d'Ambrotype sur du verre .

Cela nécessite un laboratoire à proximité de l'appareil . Pour ce faire, j'ai fabriqué une chambre noire qui, repliée, tient dans une valise . Sur cette image, on aperçoit la bouteille de collodion, les fioles de révélateur, les cuves en bois de nitrate d'argent et de fixateur, de l'eau de rinçage, de l'alcool de nettoyage et l'horloge .

La photographie n'est pas qu'une histoire de lumière, c'est également l'apprivoisement du temps .

Ce qui est fascinant dans ce procédé, c'est de réaliser que la plaque a été dans l'appareil photo, en contact direct avec la lumière du sujet photographié . Ce qui en fait une pièce unique, tangible et précieuse à l'ère du digital.

Comme les miroirs, qui pour l'anecdote, nécessitaient du nitrate d'argent dans leur fabrication, l'image est inversée droite/gauche .

Couler le collodion sur la plaque, faire la mise au point sur un verre dépoli, verser le révélateur d’un coup franc et compter les secondes, chauffer la plaque à la flamme pour le vernis … autant de gestes restés inchangés depuis le XIXe siècle .

La préparation de toutes les chimies nécessaires suit également les recommandations des anciens photographes bien que certaines recettes ont été adaptées pour respecter les normes de sécurité et d’écologie .